Les Jeux Paralympiques de Paris 2024, conclus il y a quelques semaines, pourraient laisser une empreinte durable sur la société, et notamment sur les entreprises. L’engouement suscité par ces Jeux dépasse le cadre sportif pour devenir un véritable phénomène sociétal. Mais ce souffle paralympique peut-il vraiment transformer les mentalités et favoriser une inclusion accrue dans les milieux professionnels ? Éclairage avec Eric Haddad, PDG du groupe Connectt, qui regroupe 34 agences d’intérim et une plateforme de services.
La loi comme socle de l’inclusion
Pour Eric Haddad, les bases légales de l’inclusion en entreprise sont claires. Il rappelle que le Code du travail interdit toute discrimination à l’embauche et dans les conditions de travail, qu’elle soit liée à l’origine, au sexe, à l’orientation sexuelle, à l’âge, à l’état de santé ou au handicap. L’article L1132-1 fixe ce cadre, et les sanctions pour les violations incluent des amendes, des dommages et intérêts, et des mesures correctives. Pourtant, malgré ce cadre juridique, des comportements discriminants subsistent dans certaines entreprises.
La sensibilisation des managers, un défi persistant
Selon Eric Haddad, la sensibilisation à ces enjeux progresse, mais lentement. « On reçoit encore parfois des demandes d’entreprises avec des critères discriminants », note-t-il. Bien que France Travail ait édité un guide de sensibilisation contre les discriminations pour les comités sociaux et économiques, peu de professionnels semblent l’avoir consulté. Par ailleurs, la multiplication des formations contre la discrimination reflète à la fois un besoin et une preuve que ces pratiques ne sont pas encore naturelles dans le monde professionnel.
Le souffle paralympique, un impact sociétal
« Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact des Jeux Paralympiques sur l’inclusion en entreprise », admet Eric Haddad. Toutefois, il espère que cet engouement inattendu aura des répercussions positives, notamment à travers des initiatives comme les testings menés par SOS Racisme. Ces outils permettront de mieux comprendre si les mentalités évoluent réellement.
Des priorités claires pour l’inclusion
Pour le PDG de Connectt, la priorité numéro un reste l’égalité professionnelle et salariale entre hommes et femmes. « Nous n’atteindrons jamais zéro discrimination, mais il est crucial que la tendance s’inverse », affirme-t-il. Cependant, les récentes enquêtes, comme celle de l’Apec sur les salaires des cadres, montrent peu de progrès concrets. En outre, des événements comme ceux du 7 octobre 2023 ont contribué à un climat social tendu, marqué par une montée des discours xénophobes et antisémites, qui ne s’arrêtent pas aux portes des entreprises.
Des actions concrètes chez Connectt
Connectt s’efforce de promouvoir l’inclusion par des actions concrètes. En 2022, une session de formation interne a révélé les résistances persistantes face à des pratiques comme la discrimination positive. « Nous recrutons des personnes motivées et compétentes, peu importe leur origine ou leur parcours », explique Eric Haddad. Tous les candidats, qu’ils soient intérimaires ou chargés de recrutement, sont jugés sur leur envie de réussir et leur personnalité.
Des campagnes vidéo pour sensibiliser
Entre novembre 2022 et janvier 2023, Connectt a produit six vidéos courtes traitant de sujets sensibles comme le racisme, la parité hommes-femmes, la religion, la communauté LGBTQ, et le handicap en entreprise. Ces vidéos, tournées en noir et blanc, mettent en scène des situations de discrimination encore présentes aujourd’hui. Elles se terminent sur une note optimiste en montrant la diversité des effectifs au sein du groupe. Ces campagnes visent à rappeler que, bien que les temps changent, le combat pour l’inclusion reste nécessaire.
D’après une information de Le Figaro